« Du 4 au 16 Mai »
Le passage de frontière
C’est un soulagement de quitter le garage et la capitale. Après un mois au Kenya, c’est avec enthousiasme que nous partons à l’ouest. Destination Ouganda ! En se rapprochant de la frontière les paysages changent. Nous découvrons une facette très verte du pays que nous quittons. Le climat, propice à l’agriculture en a fait une région de fermiers. C’est dans cette région qu’est né Benson. Il est propriétaire d’un lodge où nous avons campé sur la route.
Benson est originaire de la tribu des Kikuyu qui vit au centre du Kenya. Il se plaît à dire que dans sa tribu, ce sont des entrepreneurs qui font avancer le pays. Lui même a investi dans un terrain non loin de Nairobi pour créer un lodge et un lieu événementiel. Comme il nous le dit avec les yeux qui brillent, c’est sa passion. Il a choisi le terrain pour son intérêt économique, à proximité de grandes villes, mais aussi pour une raison sentimentale. Du temps des colons, son père et sa mère se sont battus pour leur indépendance dans la forêt au dessus.
La frontière avec l’Ouganda a été l’une des plus simples à traverser. Avec notre visa et notre assurance déjà en poche, le reste des formalités n’a pris que 45 minutes. Nous découvrons alors ce nouveau pays. Tout comme l’ouest du Kenya, l’Ouganda est très vert. Nous sommes en fin de saison des pluies, la végétation est d’autant plus luxuriante. Ce qui nous marque rapidement, c’est le nombre de motos qui roulent. Un vrai défilé de deux roues qui n’en ont que peu à faire du code de la route. Ces motos surchargées transportent de tout : des marchandises, des canapés et même des vaches. Le casque n’est certainement pas une obligation. Sur les centaines de motos qui slaloment entre les voitures, moins d’une dizaine de conducteurs en portent.
Sipi, au delà des chutes d’eau
Nous prenons la direction des montagnes. Nous espérons pouvoir nous y installer quelques jours. Le climat frais nous fera du bien.
La route en lacets nous mène jusqu’au village de Sipi, connu pour ses chutes d’eau. C’est avec la vue sur l’une d’elle que nous nous installons dans un campement, en bord de falaise.
La vie de village nous fait du bien. Le calme et la nature contrastent avec la semaine passée à Nairobi. La chienne du camp et son petit nous ont tout de suite adoptés. Ce dernier ne veut pas se laisser toucher, mais ça ne l’empêche pas de s’approcher et de nous piquer nos tongues. Nous le laissons faire, il est tellement mignon. De toute façon, ce sont de nos chaussures de randonnée que nous avons besoin ces jours-ci. Tout d’abord, pour visiter une petite plantation de café dans le jardin de Thomas. Guide local, il nous apprend à faire notre propre café de l’arbre à la tasse.
Le lendemain nous le suivons dans la vallée et les montagnes à la découverte des 3 grandes chutes d’eau de Sipi. La première, celle que nous observons du campement, est la plus grande : 95m. Nous descendons jusqu’au fracas de l’eau en contre-bas avant de remonter vers un nouveau point de vue. Avant de finir notre ascension, nous découvrons une cave. Les locaux viennent y chercher des pierres semi-précieuses pour les revendre ensuite. Après un rapide coup d’œil aux petites pierres, nous décidons de leur en acheter une en souvenir. La plus belle bien sûr !
La seconde cascade s’observe depuis un grotte creusée à l’arrière, quelques mètres plus bas, l’eau blanche agitée s’écoule en cascade entre la végétation dense.
La troisième est dédoublée, ce sont deux bras d’eau qui chutent en parallèle. Une harmonie parfaite. Au détour d’un village, nous goûtons l’alcool du coin. Un porridge fermenté à base de maïs et de millet. La charmante maîtresse de maison, ravie de savoir que nous sommes d’origine catholique comme elle, nous sert une généreuse portion de ce breuvage. Il n’est pas encore midi, mais en Afrique, ça n’a pas l’air de les arrêter. Nous découvrons alors cette mixture, qu’ils boivent ici comme du vin en France. Ce n’est pas vraiment à notre goût, mais pour Valentin, il a le mérite de nourrir. Mouais.. pas sûr que nous en reprendrons pour autant. Néanmoins, nos ventres vides apprécient, même s’ils préfèrent le rolex que nous engouffrons l’heure suivante. Le rolex, c’est une invention ougandaise que l’on retrouve dans tout le pays. La recette est simple: une petite omelette et un chapati que l’on roule ensemble. Celui-ci est luxueux avec 2 œufs de la tomate et de l’oignon. Un régal !
Quand le mur de l’école devient un écran de cinéma
Nous avons un projet qui nous tient à cœur, mais depuis notre départ, nous n’avons pas encore trouvé l’occasion de le mettre en œuvre. Nous avons dans nos bagages notre petit vidéo projecteur. Nous espérons pouvoir offrir une projection aux écoliers de Sipi. Accompagnés de Peter, qui travaille dans notre camping, nous nous dirigeons vers l’école pour faire la rencontre des enseignants. Moses, professeur principal, est enthousiaste. Il apprécie l’idée et pense que ça va faire du bien aux élèves. Ensemble, nous choisissons parmi les quelques films que nous avons en anglais, celui qui sera projeté. Ce sera Rasta Rocket ! C’est l’histoire de 4 Jamaïcains qui rêvent d’aller aux jeux olympiques. A la surprise de tous, ils vont créer une équipe de bobsleigh pour y participer. Bien qu’ils n’aient jamais vu la neige et ne connaissent pas le froid, ils vont surmonter de nombreux challenges pour obtenir leur place aux JO d’hiver.
Trois classes de primaires s’installent au sol, face au mur de projection. Nous avons tenté de tamiser la lumière à l’aide de tissus et de grands papiers. Le silence se fait et la projection démarre. Au fur et a mesure du film, on commence à entendre des rires discrets, puis à la première chute des héros, les enfants se lâchent et rient à pleine voix. C’est un plaisir, surtout lorsque l’on voit le sourire des jeunes filles qui nous raccompagnent jusqu’à notre campement une fois la projection finie.
Jinja, le lac victoria et la source du Nil
L’approche du Nil se fait sentir, de part et d’autre de la route, les marécages sont jonchés de papyrus. Au cours d’un détour, nous allons découvrir le lac Victoria, le plus grand d’Afrique, partagé entre le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Puis, nous arrivons enfin à Jinja. C’est là que le fameux fleuve prend sa source, dans le lac, avant de finir dans la Méditerranée en Égypte.
C’est un peu au Nord de la ville que nous trouvons refuge sur les berges du Nil en amont du barrage. Construit il y a 12 ans pour produire de l’électricité, la centrale hydroélectrique a radicalement changé le paysage. Le niveau de l’eau est monté d’une dizaine de mètres. L’eau a recouvert les cascades, les rapides et les habitations sur la berge. Néanmoins, la région est restée très touristique pour les activités de rivière de classe 1 à 6 qui ont lieu désormais en contrebas du barrage.
Nous nous accommodons de la nouvelle partie calme pour remettre notre kayak à l’eau. Bien que Nil rime avec crocodiles, il n’y en a pas dans cette partie. Voilà Laurène rassurée. Nous partons face au courant pour être sûr de pouvoir revenir sans problème. La profusion d’oiseaux est impressionnante. Le Nil et les marais d’Ouganda sont réputés mondialement pour l’ornithologie. Les martins pêcheurs sont les plus colorés, bien qu’une de leur espèce soit noire et blanche. L’anhinga d’Afrique ressemble à un cormorant avec un long bec fin allongé. Nous le retrouvons souvent, perché sur une branche au soleil, en train de sécher ses ailes. Le plus gros que nous observons fait parti de la famille des cigognes. Noir aux reflets violets il se nomme bec ouvert africain.
C’est en longeant la berge verdoyante que nous en voyons le plus. D’autres animaux font également leur apparition. Un varan n’hésite pas à se mettre à l’eau pour chasser les crabes. Plus en hauteur, perchés dans les arbres denses, nous faisons la connaissance du singe à queue rouge. Sur le Nil, les pêcheurs luttent face au courant pour traverser d’une berge à l’autre. Quelques passages sont musclés et nécessitent un gros coup de boost pour passer au dessus, parfois nous faisons presque du sur place.
Après plus de 4 kilomètres de lutte, nous trouvons une petite île pour déjeuner. Un pêcheur et sa femme y résident. Du moins, le temps que l’homme pêche assez de poissons à vendre au marché. Un abri de fortune leur sert de chambre pour la nuit. Il ressemble à une tente faite de bois et de tissus de récupération. Au dessus, les arbres les protègent du soleil. De nombreux oiseaux ont élu domicile dans l’arbre qui abrite la cabane du couple. Les branches sont recouvertes de nids de petites perruches. Les petits oiseaux jaunes et noirs gravitent au dessus de la tête de la dame qui écoute la radio. L’homme est à l’eau, dans sa barque 100 mètres plus loin. Il a interrompu sa pêche pour venir nous saluer. Entre deux bouchés de Chapati à l’avocat, nous observons les autres pêcheurs et les oiseaux.
En amont, le Nil devient de plus en plus puissant à l’approche du barrage. L’envie d’aller jouer un peu avec la force de la rivière nous passe rapidement. Au moment de rembarquer, nous découvrons le boudin droit du kayak bien dégonflé. Valentin suggère de pagayer les 4 kilomètres avec le courant de dos pour rentrer. Laurène n’est pas très rassurée. Et si le bateau prend l’eau ? Elle l’imagine couler dans le Nil et pourquoi pas, les crocodiles qui rappliquent. Les deux tiers du kayak sont encore bien gonflés. Il n’y a pas à s’inquiéter, mais restons tout de même près de la rive. Nous sommes plus lent pour avancer et manœuvrer, mais nous arrivons à bon port. Nous nous penchons sur la fuite, verdict, le soleil a fait fondre la colle à l’avant du bateau laissant s’échapper un filet d’air. Le lendemain le problème est réglé, on espère que ça tiendra.
Le test sera pour plus tard, nous avons rendez-vous à Kampala la capitale pour découvrir une technologie qui permet de contrôler le soleil, du moins ses rayons…
On s’y croirait. Très beau texte. Entre crocodile et fuite, que d’émotions.
Merci 🙂 c’est vrai que le kayak en Afrique apporte sa dose d’émotions.
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