« Du 17 au 30 Mai »
Un paysage modelé de collines et de lacs cratères
Nous suivons le GPS pour rejoindre la région des lacs. Entre les collines, ils sont des centaines à remplir les cratères de la région de Fort Portal. Dans les derniers kilomètres, le GPS nous fait prendre un raccourci entre les plantations de thé. Les petits buissons verts qui s’étendent sur des kilomètres nous offrent un magnifique panorama. Ils sont tous de la même hauteur, taillés par les travailleurs qui récoltent les jeunes pousses. Sur ces plants aux différentes nuances de vert, seules les feuilles vert clair sont récoltées. Nous retrouvons le goudron un peu plus loin. Entre temps, Uyo a été repeint de terre rouge suite à la traversée d’une grosse flaque de boue.
Voulant éviter de nouveaux passages d’eau, nous choisissons une nouvelle route que nous propose le GPS. En dépit de nos espérances, la route se transforme alors en piste de terre. Pas d’eau cette fois-ci, mais des montées infernales dans les collines. Le chemin se fait de plus en plus étroit, jusqu’à se transformer en sentier au milieu des plantations de bananiers. C’est après un passage particulièrement serré et proche du vide qu’on s’arrête pour réfléchir. Nous sommes encore loin d’arriver au bout des 7km à cette allure et nous ne savons pas ce que la route nous réserve encore. Nous finissons par prendre la décision de faire demi-tour. Pourquoi s’aventurer dans ce passage alors qu’il existe une route convenable ? Encore une fois, nous nous sommes fait avoir par le GPS qui ne connaît que très mal les petites routes d’Afrique. Le demi-tour est loin d’être une simple formalité sur une telle route. Néanmoins, nous finissons par nous en sortir.
Quelques minutes plus tard, nous sommes installés dans un campement tenu par la communauté. Il se trouve au bord d’un tout petit lac, sur les hauteurs du cratère. Entre nous et le lac, une forêt naturelle, dense et variée abrite de nombreuses espèces de singes. Notamment, trois familles de Colobus Noir et Blanc et une famille de Colobus Baie vivent à proximité. Ce sont les noirs et blancs qui nous accueillent dans l’arbre à l’entrée du camp. Leur longue queue est impressionnante. Elle se termine par une étoffe de fins poils blancs. Les nouveaux nés sont tout blanc, seulement la tête reste noire. Comme dirait Laurène, ils ressemblent un peu à des moutons.
Très tôt le matin, nous sommes réveillés par leurs cris surprenants. Ce sont des appels entre les familles pour s’assurer que tout va bien. Une fois les échanges vocaux terminés, nous nous rendormons. Il n’est que 3h du matin tout de même. Nous voulons être en forme. Nous avons prévu d’aller randonner autour des lacs cratères du coin. Nous pouvons en voir jusqu’à huit si nous marchons bien.
Au fur et à mesure de notre progression dans le pays, nous apprenons les bases des dialectes locaux. En Ouganda, chaque région parle une langue différente. Il nous faut donc réapprendre les formules de salutation à chaque escale : Merci, bonjour, je vais bien, etc… Ces petits mots sont des formules magiques. Tout de suite, le regard des gens change lorsque nous les saluons et remercions dans leur langue natale. Dans une nouvelle région, nos premières rencontres deviennent nos professeurs.
Sur notre chemin, menant à un nouveau cratère, nous rencontrons Suzanne qui nous apprend les rudiments dans sa langue. Elle vend son terrain de 5 hectares au dessus d’un lac et souhaite nous le faire visiter pour que nous puissions en parler autour de nous.
Le parc national de Queen Elisabeth
De retour sur la route, nous conduisons vers le sud ouest du pays et le fameux parc national Queen Elisabeth. Un petit panneau de signalisation indique que nous repassons sous l’Equateur. La route principale qui traverse le parc permet d’entrevoir des animaux. Plusieurs petites routes donnant accès à des villages permettent également de s’y enfoncer gratuitement.
Nous avons repéré une piste menant jusqu’au lac Edouard. En campant près du village, nous aurons une chance d’observer les animaux qui viennent s’abreuver. Dans les derniers kilomètres, la piste laisse place à un chemin de terre à travers les buissons. Au fur et à mesure que l’on s’approche du lac, la route devient de plus en plus humide. Rien d’insurmontable pour Uyo. Mais les passages techniques commencent à s’enchaîner et nous ne sommes pas trop d’humeur aventureuse aujourd’hui. Du moins, pas prêts à rester bloqués dans une flaque de boue. Tant pis, nous faisons demi-tour. Nous avons d’autres options.
Finalement, nous trouvons un lodge qui a un bout de terrain avec une belle vue sur le canal du lac Edouard. Après une rapide négociation, on nous autorise à y dormir. Les employés ne semblent néanmoins pas comprendre pourquoi, nous préférons nous installer à l’extérieur du parking, alors que ce dernier ne possède pas de vue sur le canal. Depuis le champ, la percée entre la végétation dense nous permet de voir l’eau au loin. Quelques barques de pêcheurs naviguent doucement sur ces eaux calmes. On tente de nous faire changer d’avis en nous informant que les animaux sauvages se baladent à proximité la nuit, notamment les hippopotames qui viennent brouter sur le terrain. Après 7 mois en Afrique, ça ne nous effraye pas. Nous savons être vigilants. Nous mangeons avant que la nuit ne tombe, pour monter rapidement dans notre observatoire, c’est à dire, notre tente de toit, dans l’espoir de voir des animaux avant que le noir ne s’installe.
C’est en pleine nuit que nous sommes réveillés par des ruminements. Grâce à la lampe de poche, nous découvrons un hippopotame massif et son petit. Après quelques instants, ils se mettent à courir. Nous savions que ces animaux pouvaient courir vite, mais nous n’étions pas préparés à cela. Nous avons le sentiment d’être entourés d’un troupeau de poneys aux galops.
Le lendemain matin, nous rencontrons Colin, le propriétaire. Il nous invite à marcher jusqu’au canal pour voir si les hippopotames sont toujours là. En arrivant sur la berge, le bruit de nos pas dérange un crocodile qui lézarde sur le sable. Nous le voyons se mettre à l’eau. Désormais, seules ses narines ressortent, et de temps à autre, ses yeux font surfaces. Il est rejoint par un groupe d’hippopotames déjà à l’eau. Sûrement les responsables du vacarme de la nuit dernière. Colin nous presse pour remonter au camp. Il est bientôt midi, et nous sommes sur le chemin emprunté par les animaux qui viennent se désaltérer aux heures les plus chaudes de la journée. En repartant, nous marquons une dernière pause. Le crocodile s’est remis en mouvement. Il nage vers la berge et ressort de l’eau doucement. Nous avons tout le temps d’observer les écailles pointues le long de sa queue. Quel beau spectacle !
Nous repartons du camp, le sourire aux lèvres, vers de nouvelles aventures.