#8 Du Sud du Malawi en direction du lac dans notre van 4×4

#8 Du Sud du Malawi en direction du lac dans notre van 4×4

« Du 12 Janvier au 21 Janvier »

Nos premiers jours au Malawi

C’est le début de la saison des pluies au Malawi. Après une période très chaude et sèche, le climat est tempéré et la pluie tombe de temps en temps. Cela n’empêche pas d’avoir de belles journées et suffisamment de soleil pour notre panneau solaire. Les nuits sont fraîches et on y dort bien. 

Blantyre est notre première destination après les péripéties du passage de la frontière (cf. Épisode 7 – Positif au covid va-t-on réussir à passer la frontière avant la fin de nos visas). C’est la plus ancienne ville du pays, une plaque tournante du commerce. Une fois Uyo garé dans le jardin d’un petit hôtel simple et traditionnel, nous arpentons les rues à pied. Nous sommes impressionnés par l’organisation de la ville. Elle semble très développée, chaque chose à sa place, et elle est globalement propre. De nombreuses plantes décoratives ornent les rues et les petits murets de briques rouges autour des bâtiments. En dehors des magasins, on croise de nombreux travailleurs. Sur le bord des routes, des personnes nettoient les déchets et coupent l’herbe à la main avec une sorte de faucille qui ressemble à une machette. Ils l’élancent de gauche à droite puis de droite à gauche tel un pendule.

Au centre ville, nous sommes marqués par la densité de petits stands de réparation d’électroménagers, d’appareils électroniques, et de couture. Réparer plutôt que remplacer, c’est la norme ici. Malheureusement on la retrouve trop peu en Europe où l’on est poussé à la consommation. Nous discutons avec un homme qui avait le nez dans la carte électronique d’un fer à repasser ouvert en deux sur son établi. Alors qu’on lui demandait l’autorisation de le photographier, il nous répond dans un français clair et sans accent. Il l’a appris à l’école et même si il dit le contraire, nous trouvons qu’il parle très bien. 

De retour au campement, on retrouve cette habitude de ranger et nettoyer. Nous ne sommes pas les seuls, le personnel de l’hôtel, un homme et une femme, nettoient plusieurs fois par jour le bâtiment. Un jardiner balaie la cours de terre et coupe l’herbe, à longueur de journée. Sous les arbres, la moindre feuille morte sera ramassée en moins de 24h. Nous passons 3 nuits ici, garés à l’ombre d’un manguier. Chaque jour de nouveaux fruits mûrissent, le jardinier les fait tomber au sol avec une grande perche en bambou. La femme de l’hôtel nous en a apportées en fin de journée, elles sont délicieuses.

Avant de quitter Blantyre, nous allons visiter les monuments de la ville: deux grandes églises et le centre d’art culturel. Nous testons également un petit restaurant dans une cahute proche de la station de bus. Il n’y a qu’une seule table que nous partageons avec Stewart qui mange ici tous les midis lorsqu’il travaille. Il n’y a qu’un seul plat à la carte pour un prix défiant toute concurrence 1000 kwacha (1€10). L’assiette est composée d’une petite pièce de poulet en sauce. Au vu du très peu de chair, ce mince morceau de viande fait surtout office de bouillon pour assaisonner une grosse portion de Nsima, une sorte de polenta locale à base de farine de maïs. Pour équilibrer le tout, les petits légumes coniques verts et longs (Oka), inconnus de nos marchés français, se marient très bien.

Thyolo et les plantations de thé 

Nous partons en campagne dans la région des cultures de thé autour de la ville de Thyolo. Sur la route du thé, nous espérions pouvoir visiter une plantation et y passer la nuit. Après de multiples tentatives, redirigés d’un responsable à l’autre, le verdict est toujours le même. Depuis la crise du Covid, les visites sont suspendues. Dans les champs, les cueilleurs collectent les jeunes pousses du haut et quelques fleurs dans de grands paniers suspendus dans leur dos. 

Nous trouvons refuge sur la route entre une église et une école sous couvert de l’hospitalité du prêtre de la paroisse. Nous sommes vendredi après midi, la fin de l’école approche. Un groupe d’écolières qui vient de finir leur cours s’intéresse de loin à notre van. Erin et son amie, les plus courageuses viennent nous voir pour nous poser des questions sur notre mode de vie et notre van. Elles sont rapidement rejointes par leurs copines un peu plus timides mais tout aussi curieuses. Voilà maintenant un petit groupe de 15 filles qui entoure Laurène et assiste à la visite complète du van. Les questions fusent et c’est avec un réel plaisir que j’y réponds. J’en profite aussi pour en apprendre plus sur elles. Elles viennent d’un peu partout au Malawi et rentrent chez leurs parents pendant les vacances. Elles se lèvent chaque matin à 5h pour assister à la messe de 6h avant d’aller à l’école.

Nous rencontrons aussi Bright, jeune homme de 17 ans propre sur lui et très poli. Son père travaille dans cette paroisse depuis 1 an. Bright rêve de devenir journaliste, il est très intéressé par notre matériel photo et video. Valentin prend le temps de lui apprendre tout ce que nous savons sur notre équipement. De nature curieuse, il pose beaucoup de questions sur notre vie en France et notre voyage. 

De manière générale, nous avons été marqués par la politesse des locaux au Malawi. Nous sentons que l’éducation est importante. Néanmoins, nous avons découvert au fil de nos rencontres que l’accès à l’éducation n’est pas toujours facile. Les écoles publics demandent tout de même une petite somme pour accueillir un élève et les classes sont plus que remplies avec parfois 1 enseignant pour 200 élèves. Les écoles privées, qui offrent de meilleures chances aux élèves de continuer leurs études coûtent 80000 MWK (90€) par semestre et 200000 (220€) en internat. Ce sont des sommes très importantes pour l’écrasante majorité de la population.

L’ascension du mont Mulanje, le toit du Malawi

Nous voilà partis pour un trek de 3 jours dans les montagnes du Mulanje. Les randonnées se font forcément accompagnées d’un guide. Nous avons choisi Moses, très expérimenté avec 25 ans de carrière. Il est fortement recommandé par d’anciens voyageurs. Les porteurs eux sont optionnels. Nous préférons ne pas être assistés et porter nos sacs nous même comme à notre habitude.

Nous abandonnons Uyo sur un parking surveillé de la réserve Mulanje. Ça fait du bien de le laisser de temps en temps sans avoir à se préoccuper d’où on va passer la nuit ou craindre un souci mécanique sur la route. Ainsi nous partons l’esprit tranquille en ce début de week end. Il est déjà midi lorsque l’on rencontre Moses. Il se joint à nous à bord d’Uyo pour faire quelques courses et accéder à l’entrée de la réserve. Légumes de saison, riz, farine de maïs, spaghetti, pain, eau et quelques gâteaux viennent remplir nos sacs. Un duvet et des habits de rechange en plus suffiront pour les 3 jours. Nous nous mettons tous les quatre en marche à 14h. Tous les quatre ? Oui j’ai oublié de mentionner un petit détail au marché. Moses a acheté une poule pour cuisiner un plat traditionnel. Cette dernière, encore bien vivante, nous accompagne jusqu’au premier refuge avant de finir définitivement sa journée dans la casserole.

Le refuge se situe à 1900m. Nous l’atteignons plus rapidement que prévu. Ainsi, nous avons la chance de profiter des dernières heures de soleil qui illuminent les splendides sommets dégagés des alentours. On ne pensait pas avoir une telle chance lorsqu’il s’est mis à pleuvoir en chemin dans la forêt… Nous témoignerons de la suite de la randonnée dans une des prochaines vidéos.

Le plateau de Zomba

Après l’effort, le réconfort. C’est à Zomba que nous choisissons de nous reposer une fois de retour de notre trek. C’est l’ancienne capitale du Malawi, située au pied du plateau. La ville est entourée de nature. Le centre ville est bien entretenu. Sur la route principale se trouvent banques, stations services, petites boutiques et grands supermarchés. Mais ce qui retient le plus notre attention c’est le marché de la ville, l’un des plus grands du pays. On y trouve de tout, des fruits et légumes de saison aux pièces auto en passant par la vente de tissus, de smartphones ou encore de fausses montres.

Renfloués de victuailles, nous montons sur le plateau avec Uyo pour rejoindre un spot de camping sauvage, au calme au bord d’une rivière. Nous détendons nos jambes pour récupérer des courbatures du mont Mulanje avec une randonnée de 14km sur le plateau. Elle passe par deux fameux points de vue: Queen’s view et Emperor’s view. Nommés après la visite de la reine d’Angleterre et de l’Empereur d’Ethiopie, ils sont seulement à 200m d’écart. Sur le chemin, nous croisons de nombreux bûcherons qui viennent couper du bois à la main. Ensuite ils le redescendent découpé en morceaux qu’ils attachent sur leur vélo. La déforestation est un réel problème ici au Malawi.

Le parc national de Liwonde

Nous faisons un arrêt rapide à Liwonde. Pas de safari pour nous cette fois ci, nous nous gardons pour les prochains pays. Nous choisissons un Safari Lodge ouvert sur la réserve. Sans aucune barrière autour de notre camping, les animaux les moins farouches s’approchent. Nous repérons rapidement les deux postes d’observation. Ce sont deux terrasses en bois sur pilotis. Elles sont très confortables donc nous ne perdons pas une minute pour s’installer et prendre notre pique nique sans oublier le café et le petit carré de chocolat en dessert. Au fur et à mesure de l’après midi, les animaux s’approchent. Les babouins en premiers, puis phacochères, impalas, kudus se succèdent. Nous aimons cette observation qui diffère de celle du parc Kruger. Nous sommes dans l’affût et non dans la traque des animaux. Après l’apéro sur notre point vue, à attendre les animaux sous les belles couleurs du coucher de soleil, nous retournons à notre van pour un bon repas et au lit.

Dans la nuit, nous sommes réveillés par un ruminant proche de notre tente. Avec la pleine lune, nous découvrons un hippopotame qui est entré dans le camp à la recherche d’un peu d’herbe. Une envie pressante monte chez Valentin mais impossible de descendre pour se retrouver nez à nez avec cet énorme animal. On ne dirait pas mais c’est l’animal qui tue le plus en Afrique. Il a une grande force et défend son territoire contre quiconque souhaite s’approcher. Il est aussi connu pour être très rapide.. pas question de sortir faire pipi. Du haut de son échelle, Valentin réussi à remédier à son problème. Avant de repartir, nous profitons encore de la plateforme d’observation pour préparer et manger notre déjeuner. Seuls dans ce camp, nous profitons encore quelques heures du calme et du silence avant de reprendre la route.

Direction le lac Malawi 

Nous partons en direction du Sud du lac Malawi. Sur la route nous prenons notre temps, encore plus qu’à notre habitude. La conduite est parsemée de nombreux stops. Un premier dès la sortie du camping, au garage du coin. Notre pneu avant droit s’use prématurément sur le flanc extérieur. Un parallélisme et alignement des pneus devraient corriger le problème. La méthode est intéressante, l’alignement des roues se fait à l’aide de ficelles tirées de part et d’autre du véhicule entre les roues arrières et les roues avants. C’est très visuel, et le désaxage saute aux yeux. Le niveau révèle une roue gauche légèrement inclinée vers le flanc extérieur. Les mécanos s’affairent à intervertir le pneu arrière droit, comme neuf, et le pneu avant gauche après avoir corrigé le problème. Pendant ce temps là, nous échangeons avec Bahati le gérant du garage. Il est curieux et veut en savoir plus sur nous et notre voyage. Intéressé par notre background technique, il déplore la mauvaise qualité des pièces de rechange produites pour l’Afrique. Il n’y a pas d’usine officielle et de contrôle de qualité. Ce sont seulement des copies produites avec les moyens du bord. L’importation de pièces coûte chère, lui les reçoit de Dubaï. Tout comme ses confrères mécaniciens, il rêve d’une usine de production locale dans les règles de l’art. Désormais Uyo file droit sur la route que nous reprenons, toujours en direction du lac.

Nous enchaînons les kilomètres dans une vallée verdoyante. Malgré le peu de voitures, la route est chargée de vélos. C’est le moyen de transport le plus commun ici et beaucoup sont chargés de marchandises à la limite du possible. Le ciel clair et le soleil encore haut offrent une bonne visibilité sur la route. Nous repérons un panneau indiquant « ecobric factory ». Curieux, on s’arrête pour aller voir l’usine et se renseigner. On se questionne : « eco » pour écologique ? ou bien alors économique ? Le garde à l’entrée ne parle que Chichewa, il va chercher une personne parlant un peu anglais. De suite, il nous invite à venir voir l’usine qui fabrique des briques de ciment. Usine est un bien grand mot puisque le bâtiment est encore en construction. Il n’y a pas de toit ou de pièce à proprement dit, mais seulement quelques murs. Cependant la production est bien en cours avec une presse électrique qui transforme sable et gravier de la montagne derrière en briques. La communication pour obtenir plus de détails reste compliquée par l’anglais limité. On admire la vue sur un petit lac en contrebas avant de repartir.

Quelques kilomètres plus loin un grand stand de paniers en osier sur la droite attire notre regard. Depuis quelques temps, nous recherchions un petit panier ou une corbeille pour stocker plus de fruits et légumes à l’avant du véhicule. Ce qui nous mène à notre troisième arrêt. Deux hommes nous montrent leurs créations fabriquées dans la petite usine juste derrière la paille qui sèche. Ils nous invitent à aller la visiter et voir leurs produits en cours de fabrication. Au total, ils sont une dizaine à travailler dont des travailleurs à mobilité réduite. Les plus petites corbeilles nous intéressent. Nous apprécions leur accueil et les prix qu’ils nous offrent sont locaux. C’est agréable de rencontrer des gens qui ne nous mettent pas dans la case blanc égal riche. On essaye 3 modèles de corbeille dans le van pour choisir le plus adapté. Nous discutons encore un peu avec eux avant de repartir.

Nous conduisons désormais avec l’idée de chercher notre dernière arrêt pour y passer la nuit. Avec tout ce monde le long des routes, il n’est pas aisé de dégoter un endroit calme. Nous finissons par trouver dans l’enceinte d’une école internat avec l’accord du directeur. L’école héberge un atelier de couture mis en place par une association pour donner une chance aux femmes vulnérables de se former et s’en sortir. Atelier que nous avons visité guidé par Ayami jusqu’à la tombée de la nuit avant d’obtenir l’autorisation de stationner jusqu’au petit matin. 
Le lendemain. nous partons aux aurores pour profiter de la journée entière au bord du fameux lac Malawi à Cape Maclear. 

Cet article a 2 commentaires

  1. DUCHAUFOUR Hervé

    Toujours très joliment documenté et commenté. Vous racontez si bien l’Afrique et vos rencontres.
    C’est réellement un plaisir de vous lire.
    Au prochain épisode …
    Bizz

    1. Merci, c’est motivant de savoir que nos articles plaisent. Ça nous fait plaisir de partager l’Afrique tel que nous la vivons.
      Des bises

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