« Du 22 au 30 janvier 2022 »
Cape Maclear
Situé dans la réserve nationale du lac Malawi, Cap Maclear est un petit village de pêcheurs. Nous sommes à peine arrivés que Valentin sort le kayak gonflable. On va aller visiter la plage depuis le rivage. En face, nous voyons les îles Thumbie et Domwe. Deux petits sommets flottants et très verts qui nous rappellent les Philippines. Sur la plage, c’est un flot constant de personnes : les pêcheurs qui vendent leurs poissons ou qui les mettent à sécher, les femmes qui font la vaisselle ou la lessive, les enfants qui jouent dans le lac.
Avec des voyageurs rencontrés dans le village, nous organisons une excursion à la journée pour aller découvrir les îles et les fameux cichlidés. Ce sont des petits poissons bleus et jaunes qu’on ne trouve que dans ce lac. C’est sur l’île de Thumbi que nous nous installons pour manger le repas du midi. On découvre alors le Kampango grillé. C’est un poisson endémique du lac Malawi, de la famille du poisson chat au goût divin. Cuisiné de la sorte, c’est le meilleur poisson que je n’ai jamais mangé. Il croustille à l’extérieur et le cœur fond en bouche. Le Chambo, un autre poisson de ce lac, a aussi très bonne réputation et on comprend pourquoi à sa dégustation. La chair blanche est tendre, on pourrait le comparer à de la sole.
On commence à recevoir des informations sur le cyclone Ana qui va toucher le Mozambique et le Malawi dans les prochains jours. Pas très rassurés, on se renseigne comme on peut pour connaître les risques dans la région où nous sommes. Le manager de notre camp nous rassure, Cap Maclear ne devrait pas être trop touché. Nous devons nous attendre à de grands vents, allant jusqu’à 80km/h et beaucoup de pluie. Nous verrons bien demain la météo qui nous attend.
On se lève à 6h et on décide de faire un rapide tour en kayak avant que le temps ne se gâte. On verse le café dans le thermos, on prend des petits biscuits et des fruits de la passion et c’est parti direction l’île de Domwe. Il n’y a pas grand monde sur la plage, les pêcheurs rentrent de leur nuit sur l’eau. Nous accostons sur l’île et sortons notre petit déjeuner bien mérité. Tout est calme, il n’y a pas un bruit. Au loin, on peut voir les nuages qui présagent l’orage à venir. Nous ne perdons pas de temps pour rentrer et ranger nos affaires alors que les premières gouttes commencent à tomber.
Après avoir vérifié que rien ne traînait dehors, on s’installe confortablement à l’intérieur d’Uyo. La pluie augmente petit à petit et le vent se met à souffler. Rien de bien méchant encore, ce qui nous permet de faire un tour au marché local pour acheter du pain et des bananes pour le petit déjeuner du lendemain. On ne traîne pas non plus car nous sommes déjà bien mouillés.. Le reste de la journée, nous travaillons sur notre prochain article et l’édition de la nouvelle vidéo. Ces jours de pluie nous permettent aussi de ralentir le rythme, de lire et de faire le tri dans nos photos, vidéos.
Mua Mission
En reprenant la route, nous avons découvert Kungani (cascade en Chichewa), un musée créé par un des missionnaires de la ville de Mua. En 1903, des missionnaires sont venus d’Europe pour convertir les populations locales au catholicisme. Trois missionnaires se sont installés dans le village de Mua et petit à petit s’est créée la paroisse, puis l’hôpital et l’école primaire. Le Père Boucher, arrivé dans le paroisse à la fin du siècle dernier, s’est pris de passion pour la culture du Malawi. Initié aux rites locaux, il décida de créer ce musée pour conserver et partager ses connaissances sur les trois principales tribus que l’on retrouve au Malawi : les Chewa, les Ngoni et les Yao. Voici une liste non exhaustive d’anecdotes apprises lors de notre visite :
Pour les Chewa
- La société est considérée comme matriarcale
- Les Chewa communiquent les grands messages principalement par la danse. Seulement les hommes initiés portent des masques et dansent de manière à diffuser un message. Il existe des milliers de masques différents. Tout nouveau besoin peut amener à la création d’un nouveau. Par exemple il existe un masque contre la Covid 19. Certains masques peuvent parler, mais très peu, d’où l’aide de chanteuses pour clarifier le message. Elles ne peuvent participer que si elles ont été initiées et n’ont pas le droit de porter le masque ni de danser. Cette danse rituelle appelée Gule Wamkulu est célébrée lors de funérailles, initiations, fin des récoltes, etc…
- Il existe 4 morts symboliques dans la vie d’un Chewa. Elles sont symbolisées par la tonte des cheveux. La première quelques semaines après la naissance d’un bébé. On lui coupe les cheveux pour symboliser le passage du ventre de la mère à l’enfant. De même à la puberté après l’initiation. La troisième et quatrième concernent la veuve 3 mois après la mort du mari et pour finir 1 an après. Après cette période, elle pourra refaire sa vie si elle le souhaite mais devra détruire sa demeure construite par son défunt mari pour habiter dans une nouvelle.
- Garçons comme filles sont initiés dans leur adolescence pour devenir adulte. C’est à ce moment que les garçons découvrent les secrets de Gule Wamkulu. Une fois initiés au savoir, ils pourront prendre part aux célébrations en tant que Gule Wamkule.
- Une fois que la femme a accepté la demande en mariage d´un homme, c’est l’oncle de celui-ci qui négocie avec l’oncle de la femme la dote pour le mariage. Parfois cela se passe devant la femme en question. La beauté, l’éducation ou les compétences culinaires sont prises en compte.
- Le mari part vivre avec la famille de la femme une fois marié. La famille leur attribue une parcelle pour que l’homme construise leur maison proche de la leur.
- Il y a un chef par village qui est élu démocratiquement par les habitants. Ce peut être un homme ou une femme. Le chef peut être déchu si les habitants ne le jugent plus apte à diriger.
Pour les Ngoni
- Cette tribu catholique vient des Zulu originaires d’Afrique du Sud
- Les danses ne sont pas exclusives aux hommes mais les femmes et enfants y participent aussi.
- Cette société est patriarcale. On devient chef de père en fils ainé. Il peut laisser sa place à un plus jeune frère si il reconnait être mauvais.
- La dote que le mari doit à la famille de la femme est élevée. Elle correspond à un minimum de 4 vaches, ce qui est beaucoup au Malawi. Ensuite, la femme part vivre avec la famille de l’époux une fois mariée.
- Les vêtements de cérémonie comportent beaucoup de perles et on ne retrouve pas de masque à la différence des Chewa.
Pour les Yao
- La tribu est arrivée du Nord du Mozambique. C’est l’unique tribu musulman du pays.
- La circoncision est toujours d’actualité et se fait par le sorcier lors de l’initiation de l’adolescent, autour de ses 14 ans. Il doit alors rester isolé un mois avant de revenir parmi les siens.
- Aucune femme n’a le droit de participer aux obsèques, pas même la femme du chef.
- C’est une société patriarcale
- La dote pour marier une femme coûte chère
- Les rituels de danse se font avec un seul masque beaucoup plus simple que les Chewas.
Après cette visite très enrichissante, nous nous sommes laissés porter par la musique des tam-tams. À côté de nous se déroulait une répétition de danses locales. La majorité des danses se font en couple, c’est pourquoi le mari et la femme doivent être présents pour y participer. Nous profitons du spectacle depuis les gradins. Après les danses en couple vient celle des hommes. Chicondi, notre guide propose à Valentin de les rejoindre mais ça ne lui dit pas tant.. la danse n’est pas simple, entre levés de jambes et enchaînements de mouvements rapides. Ensuite arrive la danse des femmes. Sans me laisser trop le choix, je me retrouve avec un pagne autour de la taille au milieu de ces femmes qui me sourient. On ne parle pas la même langue mais les sourires et les signes nous suffisent. Le début n’est pas trop compliqué, parfait pour se mettre en jambe. Puis quelques mouvements un peu plus durs mais j’arrive à trouver le rythme. Les tam-tams s’arrêtent et je me prépare à rejoindre mon siège lorsqu’elles me font comprendre que ce n’est pas fini. C’est alors que nous formons un demi cercle et que par groupe de quatre nous nous retrouvons au centre pour effectuer un mouvement du buste et de fesses que je ne saurais toujours pas reproduire..
Une fois la répétition terminée, nous remercions tous le monde et allons rencontrer les prêtres de la paroisse. Ils sont actuellement 4, Père Brandon d’Irlande, Père Ryan de Philippine, Père Christophe du Burundi et Père Allan d’Inde. Monica, une sœur venue du Nigeria, se forme en ce moment à la langue Chichewa (principale langue parlée dans le pays) dans leur paroisse. Nous sommes invités à partager le dîner avec eux et rester pour la nuit.
Le lendemain, curieux, nous nous levons tôt pour participer à la messe de 6h dispensée par le Père Ryan. La messe en semaine ne dure que 30min. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de participer à celle du dimanche mais apparemment partout en Afrique elles sont incroyables, pleines d’énergie, de musiques et de danses ! Après une balade jusqu’au village pour faire le tour du marché hebdomadaire, nous reprenons la route.
Les îles Mareli
Valentin a repéré des îles sur la carte dans un coin beaucoup moins touristique. Il s’agit d’un petit archipel protégé du parc national du lac Malawi. Il se nomme Mareli Islands. Il est constitué de 3 îles Nankoma, Maleri et Nankantenga. Nous souhaitons nous en rapprocher un maximum depuis la côte pour y accéder avec notre kayak. En cherchant notre chemin, l’aventure commence et nous mène à faire de belles rencontres inattendues.
Nous retraçons cette petite expédition dans la dernière vidéo Épisode 8 | De l’expédition kayak sur le lac Malawi à la rencontres inattendue.
Nkhata Bay
De retour de notre périple aux îles Mareli, nous entendons parler du seul ferry, nommé Ilala qui parcourt le lac Malawi. Il traverse le lac du Nord au Sud et inversement une fois par semaine. Il s’arrête entre autres sur les îles Malawiennes proches de la côte du Mozambique. Nous envisageons de nous rendre sur Likoma, la plus grosse. Le Ilala passe le lundi à Nkhata Bay. Nous décidons de nous y rendre ce week-end pour éventuellement embarquer sur le ferry. Après 5h sur une petite route pas toujours très bien entretenue, nous arrivons à Nkhata Bay à la tombée de la nuit. La visibilité réduite avec le ciel qui s’assombrit n’a pas facilité la conduite. Beaucoup de piétons se déplacent sur la route et le risque d’accidents est élevé.
Une fois installés sur le parking du lodge Mayoka, nous retrouvons nos amis Delphine et Louis (@hourizontoubor) pour une soirée de retrouvaille, un mois après le Mozambique . Nous nous garons sur le parking du Mayoka au dessus du lac. Nous n’avons pas la vue depuis notre van mais l’établissement est très sympa. Cette partie du lac est plus propre et le risque de bilharziose est moindre. C’est une maladie que l’on peut attraper dans les eaux stagnantes et sur les côtes proches des villages. Les habitants font leurs vaisselles et leurs toilettes dans les eaux du lac, ce qui favorise la prolifération des escargots porteurs de cette maladie.
Nous restons quelques jours à Nkhata Bay, à varier les plaisirs entre kayak, baignade avec les poissons, travail sur la vidéo et préparation de notre petite semaine sur Likoma. C’est décidé nous embarquerons lundi avec nos amis pour une semaine loin de nos vans et de l’agitation des villages. À suivre dans le prochaine article…
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