« Du 22 Juillet au 10 Août »
Les éléphants de la Zambèze
Après avoir traversé une belle route bordée de baobabs, nous partons à la recherche d’un camping sauvage. Le premier avec Agathe, la sœur de Laurène. Le soleil commence à tomber, il ne faut pas traîner pour profiter des dernières lumières. Sur un chemin menant à un lodge, nous trouvons notre emplacement au milieu des arbres.
Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner copieux, nous repartons en direction de la Zambèze. Cette rivière encercle la Zambie, créant une frontière naturelle avec la Namibie, le Botswana et le Zimbabwé. Nous sommes en aval des fameuses chutes Victoria. Entre elles et nous s’étend le lac Kariba que nous venons de quitter. Nous nous installons face à la rivière, dans la partie camping d’un lodge. Sans attendre, le spectacle des éléphants commence. Tandis que Agathe et Valentin se sont installés pour lire, je vois un peu plus loin une quinzaine d’éléphants qui traversent la rivière. Ils n’ont pas pied et nagent pour rejoindre une petite île qui regorge d’herbes fraîches. Leur trompe en l’air fait office de tuba. ils avancent à la queue leu leu jusqu’à l’autre rive.
Le lendemain matin, ils sont de retour sur le camp. Ici, c’est leur territoire. Ils s’approchent de plus en plus. Il faut fermer Uyo et se mettre en sécurité vers la réception. Nous empruntons l’escalier du bâtiment pour être aux premières loges. C’est dans le calme que nous observons leurs moindres faits et gestes.
Avant de quitter la Zambèze pour retourner dans les terres, nous souhaitons l’explorer en bateau. Après quelques jours sur place, nous avons trouvé la bonne affaire grâce à des voyageurs allemands croisés sur la route. Nous organisons une excursion pour nous trois au lever du soleil.
Aux aurores, la rivière est lisse. Ce miroir naturel réfléchit le ciel orangé et tous les petits nuages qui le composent. Nous naviguons à la frontière du Zimbabwe. Cette délimitation créée par l’homme, les animaux n’en n’ont que faire. Les crocodiles vacillent d’une rive à l’autre pour lézarder au soleil. Malheureusement, notre guide n’hésite pas à les déranger pour s’approcher au plus près jusqu’à ce qu’ils prennent peur et nous aussi. Ça le fait bien rire.
Dans l’eau, les hippopotames sont les rois. Nous croisons de nombreux groupes d’une densité impressionnante. Nous n’avons jamais vu une telle concentration. Ce safari en bateau se termine par la rencontre de waterbucks (cobe à croissant) et de bushbucks (guib harnaché) qui viennent de désaltérer. Depuis l’eau, nous les découvrons sous un autre angle.
Kafue national parc
En lisant quelques guides, on se rend compte que le parc national de Kafue est très sauvage et qu’il n’est pas aisé de voir les animaux. Nous prenons cette information comme un challenge. Nous choisissons de le visiter sur deux jours pour avoir plus de chance de croiser ses habitants.
Nous trouvons un camping sauvage à proximité de l’entrée. Nous sommes déjà au milieu d’antilopes. Malheureusement, le nuage de mouches tsé-tsé qui tourne autour du van, nous empêche d’ouvrir portes et fenêtres pour aller profiter du paysage. Nous nous cloîtrons à l’intérieur à lire, ou faire du montage. L’espace n’est pas grand dans Uyo, nous essayons de tous se trouver une place plus ou moins confortable, malgré la chaleur qui monte car nous sommes enfermés. A l’heure d’aller se coucher, les mouches sont parties. Il fait trop froid pour elles. Enfin, nous pouvons prendre l’air.
Nous nous levons avec le soleil, les yeux aiguisés, prêts à partir à la recherche de vie sauvage. Nous comprenons rapidement pourquoi la tâche sera compliquée. La route est bordée d’une forêt avec peu de visibilité et il est difficile de voir les animaux à moins qu’ils ne traversent. Nous croisons quand même plusieurs types d’antilopes. À défaut d’avoir une grande densité d’animaux, ce parc recense des espèces endémiques que nous n’avons encore jamais vues. La rareté fait que nous savourons chaque instant.
Notre deuxième objectif du jour est de trouver un logement accessible pour ce soir. Il y a peu de portes dans le parc et nous ne pourrons pas sortir pour la nuit. Nous ne roulons pas très vite sur les routes cabossées. Les campings à l’intérieur du parc sont bien trop chers pour notre budget. Nous partons à la rencontre des rangers pour trouver une solution. Après une rapide explication de notre situation, ils nous proposent de stationner pour la nuit près de leur camp pour 5$ par personne. Le prix nous convient mais le camp n’est pas très bien situé. Si nous dormons ici ce soir, nous aurons à traverser tout le parc demain, soit environ 150km de pistes en mauvais état sur lesquelles nous faisons du 20km/h. Nous gardons cette option, mais continuons notre chemin.
Après deux campements non fructueux, nous tentons le dernier dans le coin, à mi-chemin du trajet. C’est un camping hors du parc, de l’autre côté de la rivière qui le délimite. Pour s’y rendre, il suffit de garer sa voiture côté parc et de klaxonner. Un petit bateau vient à notre rencontre pour traverser la rivière. Nous venons tout juste de déjeuner et nous avons très envie de trouver une solution pour ce soir. Nous parlons de notre budget au manager qui accepte de s’y accommoder. Sans Uyo, le camping sera différent. Ce soir nous dormirons à trois dans notre tente. Il nous manque un matelas pour Agathe mais ils pourront nous le fournir. C’est bon ! Nous avons notre logement pour ce soir. Nous repartons sur l’autre rive pour profiter des dernières heures de soleil dans l’espoir de voir d’autres types d’animaux. Malheureusement, ils sont toujours aussi rares. Nous profitons de chaque rencontre bien qu’elles soient souvent brèves. Même à plus de 50m, les animaux non habitués à l’homme, s’enfuient en nous voyant arriver.
Le soleil se couche et juste avant que la nuit s’installe, nous retournons au parking du camping. Nous prenons tout ce dont nous avons besoin : tente, duvets, couette, réchaud, coussins, deux petits sièges,etc..
Nous sommes bien chargés. Le manager du lieu nous accueille. Il nous explique que voyant le soleil décliner, il a choisi de nous installer dans leurs deux tentes de camping. Comme ils ont beaucoup de draps, ils ont aussi installé deux matelas doubles avec couettes et oreillers. Le grand luxe ! On nous prépare rapidement un feu autour duquel nous nous mettons à cuisiner. Ce soir, c’est fajitas, avec galettes maisons. C’est une de nos recettes phares ! Nous en avons tellement parlé à Agathe qu’il est temps qu’on lui fasse découvrir.
Livingstone
Dès que nous retrouvons la route goudronnée, nous rejoignons rapidement Livingstone pour faire étendre notre permis de séjour. Arrivés à l’immigration, nous trouvons porte close… Pourtant nous sommes lundi. On s’inquiète un peu. On se demande si le bâtiment, un peu délabré, est abandonné. Sur la porte aucune information sur les horaires d’ouverture. En passant devant celle de la banque d’à côté, nous comprenons que nous sommes un jour férié. Nous reviendrons demain.
Livingstone, c’est la capitale touristique de la Zambie. Située à la pointe sud du pays, elle est à moins de 15 minutes du Zimbabwe et moins d’une heure du Botswana et de la Namibie. Nommée après le missionnaire et explorateur Docteur Livingstone, la ville est un point de chute pour se rendre aux chutes Victoria. Cet aventurier a dédié sa vie à la recherche de la source du Nil, sans y parvenir. Nous l’avons visitée en Ouganda (cf Article 18 Au fil de l’eau en Ouganda : des chutes de Sipi à la source du Nil)
Nous prenons rapidement nos marques, nous allons passer plus d’une semaine ici jusqu’au départ d’Agathe et l’arrivée de nos nouveaux passagers, Pauline et Quentin.
Les chutes Victoria
A Livingstone, nous retrouvons la Zambèze que nous avons explorée la semaine passée. Nous avons beaucoup entendu parler des chutes Victoria, considérées comme l’une des nouvelles merveilles du monde. C’est l’une des attractions les plus réputées d’Afrique : un incontournable. Elles sont visibles depuis la Zambie et le Zimbabwe. Nous nous attendions à voir quelque chose d’exceptionnelle, mais même préparés, même après avoir vu des photos, se retrouver face à cette immensité de la nature laisse sans voix !
Étendu sur 1,7km de large, la Zambèze chute à perte de vue. Depuis la Zambie, nous pouvons observer seulement un tiers mais nous devinons le reste de cette cascade spectaculaire dans le nuage devant nous. Nous perdons la notion du temps à découvrir cette chute sous tous ses angles et petit à petit les couleurs changent. Nous y sommes depuis deux bonnes heures et le soleil commence à descendre. Il apporte ainsi des couleurs rose orangé qui se reflètent dans l’eau. Celle-ci s’écrase dans un vrombissement assourdissant 100 mètres plus bas, au creux des gorges qui zigzaguent en aval.
C’est dans ces gorges que nous avons prévu une sortie en rafting pour parfaire notre expérience de la Zambèze. Les rapides en aval des chutes comportent quelques passages classés 5, la plus haute qui existe. Nous partons pour une excursion de 3h avec 15 gros rapides.
Overland mission
Hier Agathe est montée dans un bus direction Lusaka et son aéroport. Nos amis Pauline et Quentin arrivent dans une semaine. En les attendant nous voulons sortir de la ville pour trouver un endroit calme. Sur notre application « iOverlander » nous repérons Overland Mission qui a déjà accueilli des voyageurs. Nous ne savons pas trop à quoi nous attendre mais allons-y.
Nous sommes accueillis par Ciaran qui travaille sur le camp de l’association Overland Mission. Il nous présente l’espace pour les campeurs et nous montre aussi le futur camp avec vue sur les gorges. Il est magnifique mais semble difficile d’accès. De nombreux arbustes bloquent encore le passage. Il espère pouvoir le dégager avant le mois prochain. Nous sommes les bienvenus et Ciaran nous propose même de nous joindre au repas collectif. On finit par accepter de se joindre au dîner tous les soirs.
Ciaran a découvert overland mission alors qu’il était en vacances dans son pays, en Afrique du Sud, à la suite de ses études de géologie. Il rencontre un des membres fondateurs de la base et décide de le suivre avant de chercher un emploi. Il se passionne pour le travail et finit par rencontrer sa femme lors d’une des missions.
Overland mission est une association humanitaire américaine qui vient en aide à des populations pauvres à travers le monde. Pour les aider, l’association s’appuie sur la bible et ses valeurs. Ciaran nous explique que ce n’est pas toujours facile de faire la part entre la culture qu’ils souhaitent préserver et les pratiques qui peuvent être considérées comme “mauvaises”, c’est à dire qui portent atteinte à autrui. L’un des exemples est le rituel de passage du garçon à l’âge adulte. Cette étape est très importante dans la vie d’un homme et lui apporte sa virilité aux yeux de la tribu. Seulement, ce rituel est très éprouvant physiquement et mentalement. A la sortie de cette épreuve, les jeunes hommes se sentent alors intouchables et pensent que tout (surtout les femmes) leur est dû. Le viol est fréquent à la suite de cet événement.
C’est intéressant de discuter avec les membres de l’association. Certains nous parlent de miracles vus sur les communautés après leur avoir transmis la foi.
L’objectif de l’association est d’avoir un impact à long terme sur les communautés. C’est pour cela que des camps de base ont été créés comme celui dans lequel nous séjournons. Tout a été pensé pour que les membres puissent s’y installer pendant plusieurs années et vivre confortablement avec leur famille. Cantine, piscine, terrain de foot, basket et volley,… on se sent presque dans une université américaine. Avec en prime, un cadre incroyable, car cette base est installée sur la falaise qui donne sur les gorges de la Zambèze. Chaque soir, nous avons le droit à un coucher de soleil incroyable!
Pour travailler ici, les membres doivent s’autofinancer. Chacun doit trouver des sponsors qui lui permettront de percevoir un revenu tous les mois. Toutes les deux semaines, Ciaran et Jamie envoient une newsletter à leurs donateurs américains pour expliquer les avancées. Au jour le jour, ils donnent également des nouvelles par WhatsApp aux plus impliqués. Ciaran travaille sur la construction d’un bâtiment pour recevoir les chefs des tribus locales, en plus des réparations et améliorations du camp. Jamie, sa femme, s’occupe de l’école pour adultes, pour former les populations locales.