#23 Du lac Tanganyika au lac Kariba, Zambie

#23 Du lac Tanganyika au lac Kariba, Zambie

« Du 28 Juin au 21 Juillet »

Le lac Tanganyika 

Nous installons le campement, les pieds dans l’eau de l’immense lac Tanganyika. Longiligne, c’est le plus long lac d’eau douce du monde et le deuxième plus profond après le lac Baikal en Russie.  Il contient 15% de l’eau douce de la planète. Il fait office de frontière naturelle entre le Congo (RDC) à l’ouest, la Tanzanie à l’est, le Burundi au nord et nos coordonnées zambiennes actuelles au sud.

La traversée de la Tanzanie fût un peu éprouvante (Episode 22 | Plus de 1000km de pistes pour traverser la Tanzanie). Nous souhaitons nous poser quelques jours. Une petite routine s’installe au cours de ces 4 jours. Après le petit déjeuner, la journée est rythmée par une séance de sport, une baignade, de la cuisine et des tâches ménagères. Elle prend fin avec une bière fraîche face au coucher du soleil rougeoyant au fond du lac. C’est l’heure où partent les pêcheurs sur leurs petites barques. Eclairés par une petite lumière, souvent simplement le flash de leur portable, ils s’éloignent dans l’immensité noire. Ils y resteront la nuit et ne reviendront qu’aux premières lueurs du jour pour vendre leurs prises.

Un matin, nous allons courir le long du lac. Sur la route, bien qu’il soit encore tôt, nous croisons beaucoup de monde. Ils nous saluent tous avec un grand sourire communicatif. Nous ne pouvons que sourire nous aussi, face à une telle énergie positive et ainsi commencer la journée de bonne humeur.

Nous rencontrons également beaucoup de locaux en allant au marché à pied. Nous sommes accueillis de la même manière. Les enfants tout excités de nous voir, nous suivent sur un petit bout de chemin à travers le village. Nous sommes heureux de voir que dans cette région, les gens ne nous sautent pas dessus pour demander de l’argent.

Les sources chaudes de Kapisha 

Nous commençons tranquillement notre traversée du pays. Si nous faisons un léger détour vers l’est, nous pouvons nous rendre à des sources chaudes. Pour les atteindre, nous avons une quarantaine de kilomètres de piste. La route n’est pas très bonne avec de nombreux cailloux et des stries en forme de tôle ondulée. Le fameux massage africain comme ils l’appellent ici. Nous prenons la route à notre rythme en dégonflant bien les pneus. Pas question de faire exploser un nouvel amortisseur (cf article #17 Amboseli, un safari au pied du Kilimandjaro). Environ 10 kilomètres avant notre destination, un bruit de claquement à l’arrière nous surprend. Il est fort et régulier. A chaque utilisation des amortisseurs nous l’entendons pourtant aucun ne nous semble cassé. Le bruit ressemble à un choc de métal sur métal. Nous reprenons la route doucement à 15 km/h en tâchant de limiter les chocs. Une fois arrivés, nous demandons à voir le mécano, Georges.  En mettant Uyo sur le pont, nous découvrons rapidement que la vis inférieure qui maintenait l’amortisseur au bras de suspension est cassée. Nous avons l’ancien que nous pouvons remplacer avec nos outils. Il nous manque juste une vis et un silent bloc que Georges nous offre gracieusement.

Il est 14h et Uyo a retrouvé du poil de la bête. Nous pouvons enfin nous relaxer et profiter des sources chaudes. L’eau est translucide. A 40°C, il n’est pas difficile de s’immerger dedans. La végétation autour est luxuriante et nous donne le sentiment d’être perdus en pleine forêt. C’est un endroit magique pour se relaxer. 

Ce soir, nous prévoyons de nous faire un bon repas avec une bonne bouteille de vin sud africain. Lorsque l’on vit tous les jours ensemble, 24 heures sur 24, on a besoin de ces petits moments qui sortent de l’ordinaire. Un repas romantique est un bon moyen de s’évader de la routine. D’ailleurs, nous nous mettons sur notre 31 pour l’occasion.

Le lendemain, nous profitons une dernière fois de la piscine fraîche et des sources chaudes avant de partir en milieu d’après-midi. Nous ne comptons pas aller bien loin. Nous trouverons sûrement un camping sauvage proche de la route. En moins d’une heure, nous débusquons une petite route qui nous éloigne de l’axe principal.
A la nuit tombée, alors que nous sommes installés dans Uyo en train de regarder un film, une voiture se gare à notre niveau. On entend une dizaine d’hommes en sortir et encercler le van. Face à ce nombre, nous ne savons pas trop quoi faire. Ils commencent à frapper à toutes les portes et nous somment de sortir.  Valentin, déjà en caleçon, s’habille pour sortir et expliquer ce que nous faisons ici. Tout de suite, le ton redescend. Ils comprennent alors que nous ne sommes pas des braconniers. Bien que nous n’ayons vu aucun des animaux sauvages qui peuplent cette forêt, nous sommes dans un espace protégé. Nous finissons par les suivre jusqu’à la Shiwa House, un endroit gardé par l’un d’eux. Nous pouvons désormais dormir tranquille et eux aussi.

Mpika et la cascade des amis 

Nous avons repéré sur notre application iOverlander, une petite cascade deux kilomètres au détour de notre route vers Lusaka, la capitale. Elle n’est pas aussi impressionnante que les cascades les plus touristiques de Zambie, mais elle a l’avantage de ne pas avoir un prix spécial international. Ici, nous sommes considérés comme des locaux et payons comme tels. C’est un stop parfait pour notre déjeuner.

Une fois installés face à la cascade, nous nous préparons des restes pour le repas. Petit à petit, le parking encore vide à notre arrivée, se remplit. Certains passent seulement jeter un coup d’œil et repartent. D’autres s’installent, jusqu’à sortir le barbecue pour faire griller des saucisses. C’est ce que fait Kondwani qui nous invite à le rejoindre, lui et ses amis. Une bière à la main, nous passons l’après-midi à échanger avec eux. 

Le lendemain, Kondwani nous invite à venir chez lui, avant de repartir en direction de Lusaka. Il vit en colocation avec un ami dans une grande maison. Dans cette ville, les loyers sont deux fois moins chers qu’à Lusaka. Chacun paye 1000 Kwacha par mois, soit environ 60€. Nous les retrouvons à 11h, un verre de whisky à la main. Selon eux, le week-end, il n’y a rien d’autre à faire que boire. Aller au bar est l’une des principales activités du week-end dans les pays d’Afrique que l’on a visités. Le dimanche, le plus tôt ils commencent, le mieux c’est, pour éviter la gueule de bois le lundi matin. Nous ne sommes pas convaincus et demandons un peu d’eau plutôt que de l’alcool. En discutant avec le colocataire de Kondwani, on apprend qu’il a fait sa demande en mariage hier à sa compagne et l’a emmené au restaurant. Ils doivent maintenant décider du prix de la dote qui devra être versée aux parents de celle-ci.

De Lusaka à Kafue 

Nous ne nous éternisons pas car nos nouveaux amis nous ont dit que la route en direction de Lusaka est très mauvaise. Surtout la première section, qui a plein de trous. On nous dit aussi de faire attention aux voleurs qui profitent du ralentissement des voitures sur cette portion. Nous recherchons un endroit où dormir une fois la section difficile terminée. Demain, nous devrions avoir une belle route goudronnée jusqu’à la capitale. 

Au détour d’un petit chemin, derrière les arbres, nous trouvons un espace dégagé. Une petite plaine façonnée de roches, graviers et herbes hautes. Un américain qui voyage en solitaire avec un 4×4 est déjà installé en lisière de la plaine. Nous échangeons rapidement avant de nous installer de l’autre côté. Demain, il clôture son voyage de 3 mois en Afrique australe. Il doit rendre sa voiture de location. Il nous raconte également sa plus grosse galère au Mozambique. Sa voiture a perdu pied en sortie d’un pont où la route s’arrêtait. Il a dû marcher 50 kilomètres sur deux jours pour trouver de l’aide. Mal équipé, sans sac de couchage ni tente, la nuit fût rude. Il s’est fait dévorer par les moustiques, recroquevillé dans les buissons.

Lusaka est une grosse métropole économique, 2,5 millions de personnes y vivent. À son approche, nous sommes impressionnés par le nombre d’entreprises qui fabriquent des parpaings. Nous en avons croisé au moins une centaine. Nous avons du mal à comprendre comment ils arrivent à tous s’en sortir avec autant de concurrence.

Notre mission du jour est de refaire le plein de courses et repartir rapidement. Nous avons rendez-vous à Kafue, une ville à une heure d’ici. Depuis plusieurs jours, nous sommes en contact avec le centre d’innovations de Kafue. C’est une association locale qui lutte contre la pauvreté par le biais de l’innovation. Nous sommes pressés de découvrir leurs inventions développées avec les moyens du bord. Une vidéo sur le sujet sortira la semaine prochaine. Nous avons déjà partagé sur instagram et Facebook des petites vidéos de présentation de certaines de ces innovations. Nous passons la semaine au centre, sur les rives de la rivière Kafue, jusqu’à l’arrivée d’Agathe, la sœur de Laurène.

L’arrivée d’Agathe 

De retour à Lusaka, nous nous rendons à un camping un peu cher, mais proche de l’aéroport. Malheureusement, une fois sur place, le portail est fermé et aucun des numéros de téléphone ne fonctionne. Nous décidons de changer de plan mais d’appeler avant, cette fois-ci. C’est un lodge qui devrait pouvoir nous accueillir sur leur parking. Le propriétaire est très gentil. Il est actuellement à Genève mais veut nous aider. Son lodge est ouvert et après un rapide coup de téléphone au manager, il nous offre gracieusement l’hospitalité sur son terrain pour la nuit avec accès à la douche chaude et aux toilettes. Le luxe ! On ne traine pas pour aller se coucher parce que demain, on a rendez-vous à l’aéroport, pour aller chercher Agathe. 

Je suis super excitée à l’idée de revoir ma sœur. Après 9 mois sur les routes, la distance avec nos proches se fait ressentir. J’ai très envie de lui faire découvrir notre mode de vie et les merveilles de l’Afrique.

Le lac Kariba, Lotri Bay

Désormais à trois dans Uyo, nous quittons les belles routes goudronnées en direction du lac Kariba au sud-est du pays. Les grandes plaines laissent place aux collines rocheuses. La végétation est beaucoup plus arborée. C’est la première fois que nous voyons autant de baobabs sur le bord de la route. Les villages sont souvent construits autour des plus vieux. Selon certaines cultures, ils apporteraient une protection aux habitants du village. Avec les années, ils atteignent une taille massive. Un baobab peut traverser les millénaires lorsqu’il n’est pas mis en péril par l’homme.  

Nous avons fait le choix de nous installer quelques jours à Lotri bay. Nous avons entendu beaucoup de bien sur la partie camping de ce lodge. À peine arrivés, nous ne sommes pas déçus. Nous garons Uyo à l’ombre avec une vue prenante sur le lac. Pour une fois, nous sommes parfaitement à plat. Bruce, le gérant, vient de faire couler des dalles de la taille d’un véhicule pour que ses clients passent les meilleures nuits possibles. Aller au camping chez Bruce et Maurine, sa femme, c’est un peu comme aller voir ses grands parents. Ils sont très attentionnés. Ils ont pensé à chaque détails pour rendre le séjour le plus agréable possible. 

Les employés du camping sont également aux petits soins. Tous les soirs, ils nous proposent d’allumer un feu. Ça tombe bien nous avons acheté des chamallows pour la première fois, pour fêter la visite d’Agathe. Si bien installés, nous comptons passer plusieurs jours ici au bord du lac Kariba. C’est l’un des plus gros lacs artificiels au monde. Il s’est formé dans les années 50 suite à la construction d’un barrage hydroélectrique de 118 mètres dans les gorges de la Zambèze. À l’époque une telle infrastructure était une prouesse technologique.

Depuis notre camp, une ribambelle d’activités s’offrent à nous. Nous commençons par la randonnée pour nous dégourdir les jambes. Une boucle de 7 kilomètres traverse la colline de l’estuaire où nous sommes installés. D’en haut, une vue panoramique à 360 degrés permet de se rendre compte de l’immensité du lac. Au loin, nous pouvons distinguer les côtes du Zimbabwe. Le lendemain, en canoë, nous explorons une infime partie du lac. Le soir, les couchers de soleil sont grandioses. C’est souvent à cette heure-ci que les zèbres viennent nous rejoindre sur le camp pour brouter l’herbe.

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