#10 Le nord du Malawi, entre lac et montagnes

#10 Le nord du Malawi, entre lac et montagnes

« Du 31 janvier au 16 février 2022 »

Likoma, ce petit trésor au milieu du lac Malawi

Likoma est une île de 14 000 habitants à l’Est du lac Malawi, proche des côtes du Mozambique. Elle est accessible à moindre coût par ferry, le Ilala. Comme expliqué dans l’article précédent c’est un gros bateau local, pas tout neuf, qui va à Likoma depuis Nkhata Bay une fois par semaine au cours de sa traversée du lac Malawi. 

Nous arrivons avec Louis et Delphine (@horizon toubor) à l’embarcadère lundi en fin de journée, chargés de nos affaires, notre équipement de camping et du kayak. Le départ est prévu dans 1h15 pour 20h et l’activité bat son plein. À quai, les motos, voitures et chariots débordent de marchandises à charger dans la bateau. Des sacs de riz et maïs, des bananes, des œufs, des chèvres, tout y passe.

Une fois à bord, avec un italien, nous sommes les seuls touristes dans cette embarcation bien remplie. Il est difficile de se frayer un chemin au milieu de la marchandise et des gens assis par terre qui s’agglutinent dans les couloirs étroits du navire. Nous découvrons la salle réservée aux billets seconde classe que nous avons achetés. C’est une petite pièce meublée de tables et de bancs. Une chaleur intense y règne. Là aussi la pièce déborde de marchandises et de personnes. En d’autres termes, c’est plus que complet. On ne tiendra pas ici avec nos bagages. Nous partons en repérage avec Louis à la recherche d’un espace pour passer la nuit et les 9h de traversée. Nous comprenons rapidement que tout le navire est archi plein. L’Italien nous conseille de monter sur le pont supérieur où nous trouvons un petit coin pour s’installer derrière l’escalier. C’est là que nous passerons la nuit, recroquevillés sur nos matelas de camping eux même repliés en deux. La pluie ne tarde pas à arriver. Le pont se vide et les passagers se compactent encore un peu plus dans les niveaux inférieurs. Heureusement, nous avons notre tarp pour nous protéger et rester là haut pour dormir.

Pour le dîner nous avons trouvé un peu de confort au restaurant du bateau étonnamment vide malgré les prix très abordables. 

Après une courte nuit, un peu humide sur le pont, nous arrivons à destination autour de 4h30 du matin. Il n’y a pas de port, le débarquement se fait donc sur des petites barques qui font des allers-retours jusqu’à la plage.

C’est la cohue! Chacun se pousse pour monter sur les petits bateaux au milieu de nombreux sacs de provisions. Certains descendent même le long des barreaux du bateau pour avoir une place avant les autres. Que d’agitation de bon matin !

Nous arrivons sur une petite plage de sable. Il est très tôt et pourtant tout le village est déjà debout à attendre les marchandises qui arrivent avec le bateau.

Pour planter nos tentes, nous avons le choix entre deux campings à prix raisonnables. L’un est au Nord de l’île, l’autre au Sud, tous deux à 45 minutes de marche de la plage qui fait office de port. Nous optons pour Ulisa bay, le propriétaire  étant plus accueillant au téléphone. Nous sommes toujours aussi chargés. Un petit camion pickup nous emmène sur une route chaotique de 3,6km. Assis dans la benne, on pourrait qualifier ce court voyage de « tape cul ».

À l’arrivée, Chris, le propriétaire nous accueille. Il est ouvert à la négociation et nous propose un chalet pour 4 personnes à seulement 1€ de plus par personne que le camping. Nous acceptons rapidement, d’autant plus que la météo est incertaine. Le chalet est légèrement en hauteur, implanté dans une petite colline qui surplombe le lac. En contrebas, la terrasse du bar restaurant sur pilotis est au plus proche de l’eau. À sa gauche, une plage de sable nous invite à la baignade dans l’eau claire du lac.

C’est aussi le point de départ de nombreuses excursions avec notre kayak. La première accompagnée de Delphine et Louis qui ont loué une embarcation avec des pagaies pour la journée. Nous longeons la côte en direction du Sud. L’eau est calme et d’un bleu resplendissant contrastant avec la côte verte d’arbustes sauvages et de baobabs qui poussent entre les roches. On atteint la plage et le bar du camp Mango drift. On s’installe dans un immense sofa confortable fait à partir d’une ancienne barque de pêcheur. 

La vie sur l’île est une version plus calme de celle de la métropole du Malawi. Ici tous le monde se connaît ou presque. Les habitants, heureux de recevoir des visiteurs sont avenants. Les enfants accourent pour nous faire coucou et crient Mzungu à notre passage. C’est un terme qui veut dire blanc mais sans connotation péjorative. Nous sommes « most welcome » et invités à se sentir comme chez nous. Ainsi, on se mélange à la population. Ce soir nous nous rendons au seul bar de l’île qui donne sur la plage. Sur le chemin, on s’arrête devant la cathédrale de l’île. Construite en pierre, sa grande façade et tout aussi impressionnante que son cloître verdoyant. Fermée ce jour, nous aurons la chance de la visiter samedi sous les explications de Benjamin. Ce jeune père de famille né sur l’île était heureux de partager son savoir.

Arrivés au bar, nous nous installons face à la plage. Les enfants jouent dans le sable, les hommes boivent et certains couples dansent sur la musique grésillante des enceintes du bar. À la tombée de la nuit, c’est aussi de là que partent les pêcheurs pour une nuit de travail.

Nous passons 5 jours sur l’île, avant de reprendre le Ilala samedi après midi.

Valentin en profite pour faire plus de kayak. Sur la plage, les enfants curieux nagent en s’approchant du kayak qui revient. Respectueux, ils gardent tout de même leurs distances. Je les invite à venir voir de plus près, se faire tirer derrière le kayak, l’essayer et monter à bord avec moi pour aller plus vite. Comme en témoigne leurs sourires et leurs rires, ils adorent. Quand je leur fais signe que je vais manger, ils m’aident à ranger le kayak et enlever le sable. Ils sont très fiers de poser pour une photo tous ensemble.

Le dernier soir, accompagnés de Delphine et Louis, nous embarquons avec quatre pêcheurs du village d’à côté. Notre Objectif est de ramener assez de poissons pour le dîner de ce soir. On embarque dans une grande barque en bois, construite sur l’ile. Tout naturellement, Valentin prend une pagaie pour propulser le bateau en rythme avec les pêcheurs. La pêche se fait habituellement au filet la nuit et prend de longues heures. Dans notre cas, pour une sortie de 2h jusqu’au couché du soleil, nous pêchons à la ligne. Nous nous partageons 3 lignes, chacune d’elle a 3 à 4 hameçons au bout suivi d’un poids.

Laurène s’occupe d’une ligne, Louis de l’autre. La troisième est tenue par l’un des pêcheurs. L’expérience paye, à lui seul il a attrapé 2 fois plus de petits poissons que nous 4 réunis. Le ciel se couvre rapidement et l’orage nous guète à l’horizon. Il est temps de rentrer, on reprend la pagaie. Nous avons 19 poissons de tailles modestes, le contrat est rempli. Nous les cuisinons avec une sauce au citron dès notre retour au chalet, tandis que la pluie s’abat désormais sur l ‘île.

Le lendemain il est temps de replier nos affaires. Nous marchons 45minutes avec nos gros sacs à dos et le kayak de 16kg. Nous arrivons 2h avant le ferry. Une fois embarqués, il met encore plusieurs heures à charger, décharger marchandises et personnes. Vu du pont supérieur, c’est un joli spectacle. Comme il ne peut pas accoster sur l’île, pleins de petits bateaux se relaient jusqu’à la plage.

Vers 18h nous partons enfin. 7h plus tard, nos amis sont tout aussi fatigués que nous malgré leurs quelques heures de sommeil dans un hamac suspendu sur le pont. Mais nous sommes heureux de retrouver nos vans et nos lits respectifs.

Une rencontre d’associations à Mzuzu 

Lundi 7 Février à 10h, nous avons rendez-vous avec James au SMART Center.

Le SMART Center c’est une association basée à Mzuzu qui forme des entrepreneurs à construire des points d’accès à l’eau. Ils sont spécialisés dans les méthodes de forages et la construction de pompes à eau à bas coûts, avec les matériaux locaux. Dans le cadre de notre collaboration avec le low tech lab, nous nous sommes penchés de plus près sur leurs activités. Nous allons réaliser une vidéo sur le sujet accompagné d’un petit article.

Nous avons été très bien accueillis et finalement nous y avons passé 4 jours, 3 nuits. En plus de James le manager du SMART Center et son collègue Andrew, nous avons fait de nombreuses rencontres. Un jeune couple de néerlandais travaillait temporairement pour cette association. 

La porte d’à côté dans le même bâtiment abrite une autre association « wheel for Zoë » gérée par Rose et son équipe. Ce fut également une belle découverte. Ils sont très actifs dans 3 domaines: 

  • la construction de pompes à eau
  • la plantation d’arbres pour la reforestation 
  • L’éducation des femmes qui n’ont pas eu l’opportunité ou l’argent pour continuer leurs études. 

Nous en parlerons plus en détail dans un article spécifique de notre rubrique « Focus association »

Passé 17h, le personnel des 2 associations rentre chez eux. Rose qui gère le site vient chaque jour nous souhaiter une bonne soirée et s’assure que tout va bien pour nous. Menno et Janke, les néerlandais, dorment sur place au SMART Center. Ainsi nous passons nos soirées ensemble à partager nos histoires en Afrique autour d’une bière et d’un repas.

Un soir, ils nous emmènent au bar du coin. En semaine il n’y a pas foule. A vrai dire, nous étions les seuls clients avant que 3 Malawites nous rejoignent. Très sociables, ils viennent se présenter: Grant le grand bavard, Steve le plus jeune et Idrisse gérant d’une boutique de pneus. Ils sont contents de nous rencontrer et nous offrent bières sur bières. Idrisse se connecte à l’enceinte du bar pour nous faire danser sur ses meilleures musiques. La soirée ne s’éternise pas, tout le monde travaille demain, sauf nous, même si nous sommes bien occupés ces jours-ci.

Avant de quitter le smart center, on partage un repas le midi tous ensemble. James vient d’être papa. Sa femme et lui ont chacun choisi un prénom pour leur fils qui seront ses 2 principaux. C’est la tradition au Malawi. Ensuite les oncles et tantes donnent également les prénoms de leur choix à l’enfant. En grandissant, l’intéressé pourra choisir celui d’usage.
Andrew est un grand bavard, il a beaucoup d’anecdotes à raconter. Lorsqu’il était petit, il chassait rats et oiseaux avec des pièges qu’il bricolait avec ses amis. L’animal capturé finissait frit dans l’huile. Il n’y a pas grand chose à manger dessus, le plaisir était plus la capture de l’animal. 

Au moment de passer au café, il prépare une grande tasse d’eau chaude et ajoute quelques gouttes de café. Juste pour la couleur comme il dit. Au Malawi c’est comme cela qu’on le boit. Un expresso est considéré comme du gâchis de café, une denrée chère.

Une escapade dans les montagnes à la Mushroom Farm

Jeudi, le soleil revient après quelques jours parsemés d’averses. On en profite pour prendre la route vers la Mushroom Farm.

Perchée dans les montagnes, au bord d’une falaise, elle abrite un jardin de permaculture, des petits chalets, un restaurant et des emplacements de camping. L’endroit a bonne réputation, tous les voyageurs croisés sur la route nous en ont parlé. C’est aussi là que les locaux les plus aisés amènent leurs femmes. Les sorties de couples se font dans des lieux publics tendances où la femme pourra se prendre en photo pour les réseaux sociaux. 

Le restaurant propose de la nourriture exceptionnelle concoctée avec les produits fraîchement cueillis du jardin permaculture. Si ce n’est pas suffisant, la vue à couper le souffle sur la vallée, le lac Malawi et les montagnes environnantes finira par vous convaincre.

Il y règne une ambiance mystique lorsque la brume se déplace rapidement le long de la falaise et par conséquent au milieu de l’établissement. Une plateforme abritée plonge sur vide. Signalée comme spot de yoga, nous en profitons à 2 reprises combinant yoga et exercices de musculation. 

Le deuxième jour, nous visitons le jardin permaculture sous les explications de Tsulani. Il est très pédagogue et prend le temps de détailler le concept de la permaculture, son éthique, ses principes et sa mise en application. Avant de s’étendre sur le sujet, il nous invite à s’assoir et nous pousse à prendre la parole. Il veut entendre ce que l’on connaît de la permaculture. Valentin commence timidement, puis Laurène continue et peu à peu nos souvenirs reviennent. Nous enchaînons à tour de rôle restituant nos connaissances de la formation permaculture en ligne que nous avions suivi 2 ou 3 ans en arrière. Tsulani est agréablement surpris de nous savoir initiés. Il nous fait faire le tour complet du jardin illustrant la mise en application de la permaculture.

Pour ne citer que quelques exemples et principes. En permaculture, on s’inspire de la nature en copiant ses solutions. Ainsi nous retrouvons les protecteurs, des variétés de plantes comestibles ou non qui vont protéger les récoltes des nuisibles. 

Les ressources utilisées sont locales et chaque élément a plusieurs fonctions tel un couteau Suisse. Par exemple, l’abri des cochons permet de récolter l’eau de pluie qui s’écoule du toit mais aussi l’urine des bêtes qui est un très bon fertilisant. Les bêtes qui sont elles même nourries par les épluchures et plantes issues du jardin.

Tout est pensé selon un cycle durable et vertueux qui s’auto-suffit. Dans la serre à côté des jeunes pousses, des graines de la récolte précédente sèchent pour en faire de nouveaux des semis et alimenter la prochaine récolte. Le soir, nous nous régalons du dahl de lentilles accompagné de beignets d’aubergines et de salade issues du jardin.

Le lendemain nous partons marcher jusqu’à la cascade à quelques kilomètres d’ici. D’après les gens du coin, ce serait la plus grande du Malawi. Nous arrivons sur un premier point du vue suffisamment éloigné pour en apprécier l’étendue. Malheureusement pour nous, la vue est bouchée par une brume blanche épaisse. Nous patientons un peu pour finalement apercevoir la cascade au travers des nuages qui s’amincissent avant de revenir de plus belle. Nous continuons la randonnée pour s’approcher de la chute en passant derrière. La vue est belle au travers du rideau d’eau qui défile indéfiniment. 

Nous restons une journée de plus à la Mushroom Farm car on s’y sent bien, le cadre est beau et relaxant et nous avons fait la rencontre de voyageurs très sympas. De plus, nous avons entendu parler d’une bijouterie artisanale à 30min à pied de la ferme. Celle-ci n’ouvre que les jours de semaine et demain nous sommes lundi.

Nous découvrons un grand atelier de 10 personnes qui travaillent de jolis bijoux. L’entreprise, lancée en 2018 par un couple d’américains, forme et emploie plusieurs locaux à la fabrication et à la vente des bijoux. Ils travaillent maintenant sur une nouvelle collection avec des pierres venant du Malawi. Quatre personnes étaient en formation pour apprendre à utiliser les nouvelles machines pour tailler les pierres. On repart avec deux beaux bijoux et on se prépare à prendre la route vers le lac. C’est une route 4×4 de 10km avec des virages en épingles à cheveux. On est bien content qu’il ne pleuve pas aujourd’hui car nous ne sommes pas prêts à reproduire l’expérience de l’Afrique du Sud (Episode 3 | Notre premier passage 4×4 finit au garage)

Le retour au lac dans le village de Chilumba

Aujourd’hui c’est la Saint-Valentin. Pour célébrer ma fête et surtout notre amour, on se prépare un bon repas. J’ai eu l’idée de faire des gyozas faits maisons. Sur la route, on a acheté des champignons issus de la montagne, des légumes feuilles, type épinards, et du gingembre pour la garniture. On s’installe près du lac à Thunduzi beach, un bar-camping tenu par Alfred un Malawien originaire du village d’à côté. 

Nous sommes les seuls touristes, depuis la crise du covid, il ne reçoit plus grand monde. En ce moment, il accueille des étudiants sur le camp pour qu’ils puissent réviser dans un cadre favorable. Ce lundi pour la saint Valentin, les habitants du village sont nombreux à se retrouver au bar et venir sur la plage. Il y a du passage !

À peine installés, un homme se déshabille pour se baigner dans le lac, puis il se savonne et se rhabille. Une heure plus tard, nous comprenons que c’est Alfred le propriétaire des lieux. Il nous informe que les étudiants ont pour habitude de se laver dans le lac en face de l’emplacement. Effectivement, c’est un sacré défilé de jeunes hommes qui se dénudent pour se laver dans le lac. Pour leur laisser de l’intimité, on reste dans notre van pour finaliser notre première vidéo sur le Malawi. Vient l’heure de cuisiner, et il y a du boulot. Il faut faire la pâte, l’étaler très finement et préparer la garniture pour ensuite rouler nos gyozas avant de les faire cuire. On cuisine dehors et du monde vient nous voir, surtout des jeunes. Ils se présentent, nous posent quelques questions sur ce que l’on fait et demandent si l’on peut être amis.

La nuit tombe petit à petit, un homme de passage nous demande si l’on peut lui donner de notre repas. On lui explique gentiment que ce n’est pas prêt et qu’on a prévu les quantités pour deux. On lui propose tout de même de goûter notre garniture. Au même moment, il commence à pleuvoir. On déplace les affaires à l’abris sous le hayon du van. L’homme est parti rapidement sans plus insister ou émettre un retour sur notre garniture. 

On se remet à la cuisine. Quelques minutes plus tard Valentin cherche son téléphone. On l’a utilisé en cuisinant pour prendre des photos. Laurène a posé toutes les affaires à l’arrière quand il s’est mis à pleuvoir. Je cherche mais rien. On se met à chercher tous les deux plus en profondeur en considérant l’idée qu’on ait pu se le faire voler. Il reste introuvable. On commence à douter. Le dernier type est parti bien vite et avec la pluie on a moins prêté attention à nos affaires. D’un côté, on hésite à aller au bar reporter un vol aux gérants du campement. D’un autre côté, on hésite aussi à chercher encore un peu. On ne voudrait pas accuser quelqu’un à tord.. Mais si c’est le cas, il ne faut pas trop perdre de temps. Ça fait déjà 15 minutes.

On se dirige vers le bar, Valentin une lampe torche à la main dans l’espoir de retrouver ce type et le questionner. Je repère un mec vêtu d’un polo rayé rouge et bleu. « C’est bien lui ? » lançais-je à Laurène en l’éclairant. Ni une ni deux le type s’enfuit sans même qu’on est pu l’approcher. Plus de doute, sa réaction sonne comme un aveu. S’en suit alors une course poursuite effrénée en direction du village puis de la plage. Je lui cours après, la lampe torche pointée sur lui en criant qu’il a volé mon téléphone portable. 

Le barman a suivi, puis un jeune pêcheur croisé sur la plage. On le suit à la trace en gagnant du terrain, le gars s’essouffle petit à petit. Soudainement, il disparaît. Apparement, il se serait caché. Je donne ma lampe au barman qui connaît mieux les lieux. On cherche dans un arbre, rien. Derrière un tas de bois, toujours rien. Quand finalement, j’entends la barman crier près d’un muret. Il l’a trouvé couché derrière et le menace de lui jeter une brique à la figure. J’accours, et vois qu’il se débarrasse de mon téléphone en le cachant dans une fente le long du mur. Je le récupère, quel soulagement ! Entre temps, tout le voisinage s’est rameuté, ainsi que Laurène qui a suivi les bruits. Il s’en suit une longue altercation verbale que nous ne comprenons pas. Je vois dans les yeux du coupable qu’il n’est pas dans son état normal. Il a bu quelques verres de trop faisant ressortir son mauvais côté. Je lui demande de s’excuser mais il n’a pas l’air de comprendre avec tous ces gens qui lui crient aussi dessus.

Quoiqu’il en soit, nous avons récupéré le téléphone. On ne s’attarde pas, les gyozas nous attendent. D’ailleurs se fut un délice qui nous fait vite oublier cette mésaventure qui finit bien.

On finira la soirée au bar, beaucoup moins animé à l’approche de minuit. On discute avec le dernier client, un homme qui gère une ferme à 1h de route d’ici. Il apprécie notre compagnie et le fait savoir en nous offrant une bière. On sent qu’il veut continuer cette conversation porté sur l’éducation et le travail au Malawi.

Le lendemain nous décidons de rester une nuit de plus. Malgré le petit incident de la veille, on se sent bien ici, proche du lac.  On en profite pour se reposer avant notre entrée en Tanzanie. Les passages de frontières terrestres sont toujours un peu stressants. On ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre même après le retour d’autres voyageurs passés les semaines précédentes. Chacun a eu une expérience différente. 

À bientôt pour la prochaine aventure sur le territoire tanzanien !

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